Je reprends l'écritude de ce blog, déjà pour vous faire une débriefing sur le petit déjeuner du 14 octobre 2010 qui faisait l'objet de mon article précédent : Conférence sur le harcèlement moral le 14 octobre prochain !
L'objet était de se focaliser sur le management immoral.
Un psychiatre-psychothérapeute, l'avocat Maître XXXX du Cabinet Hincker, et Sophie Soria-Glo sont intervenus. Les victimes qui étaient dans la salle ont été très intéressées, car toutes ont appris des éléments nouveaux, qui pouvaient leur être immédiatement utiles dans leurs combats.
En effet, certaines étaient toujours en poste, et d'autres à la recherche de la "résilience", ou de la résolution du blocage de leurs dossiers lors des procédures de séparation employeurs/salariés.
Sophie Soria-Glo a précisé très pertinemment que ce n'est pas des procès qui permettent de se reconstruire : surtout avec la prise en compte des lois pourtant existantes dans notre pays. Les juges protègent encore beaucoup trop les directions d'entreprise, ou y a-t-il surtout au niveau de la juridiction prud'homale des ententes de couloirs entre les différentes organisations syndicales ?
Un principe qui est encore "défendu" par les avocats vis-à-vis de leurs clients victimes de harcèlement moral est que l'employeur est considéré comme "souverain dans l'organisation du travail". Or, tout le monde sait qu'il est considéré comme illégal de chercher à dégoûter un salarié en le placardisant (c'est-à-dire en lui suppriment toutes tâches, ou en les dégradant)... de même que de demander à son salarié des objectifs irréalisables. Les médecins du travail disent justement qu'on ne peut demander à personne de courir un 100 mètres en zéro seconde.
Une victime de harcèlement moral voit toujours sa santé dégradée, parce que les techniques employées par la direction sont toujours de nature à atteindre l'intégrité psychique ou physique de la cible. Il faut donc qu'elle constitue des dossiers vis-à-vis de la CPAM.
Au cours du petit déjeuner, les intervenants ont bien insisté sur la nécessité de mettre la victime à l'écart... donc passer par un arrêt de travail. Les victimes "terrorisées" ont peur d'aggraver leur sort avec des arrêts de travail, cependant, outre les atteintes au contrat de travail, il faut qu'elles pensent à leur santé, qui elle se dégrade vite, et parfois de façon irréversible. Il vaut mieux toujours perdre un travail que perdre la santé, en développant des troubles psychosomotiques, qui peuvent aller sous l'effet du stress jusqu'à des AVC, des arrêts cardiaques, des troubles divers... jusqu'à l'émergence de cancers.
Je reprendrai mes notes pour pouvoir accentuer les temps forts de cette conférence-débat qui fera d'ailleurs l'objet d'un film-reportage qui est en cours de montage.
Je suis allée aussi ces jours derniers aux manifestations de la Journée Européenne de la Dépression dont le thème cette année portait justement sur la Dépression et le Travail. J'ai eu le bonheur de rencontrer Marie Pezé, auteure du livre "Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient touchés"... Elle dirigeait la première consultation en France de Souffrance au Travail à l'hôpital de Nanterre (92). Elle a été elle-même licenciée pour inaptitude, car on ne garde pas les personnes qui gênent. Quand elle parle avec ses mots justes, tout semble s'illuminer et devenir limpide. Je lui consacrerai aussi un article à l'aide des notes que j'ai prise au cours de cet atelier thématique.
Je crois qu'il reste encore beaucoup à faire dans le domaine, car j'entends autour de moi de plus en plus de personnes se plaindre de réductions d'effectifs, de charges de travail... alors que le chômage augmente, et que la loi pour le recul de l'âge de la retraite est en train de passer.
Entre les jeunes qui ont du mal à trouver un emploi, faute d'expérience, et les "seniors" que l'on trouve trop expérimentés, et peu malléables, car ayant du répondant par rapport aux abus, je me demande comment notre société va pouvoir gérer ces divers critères divergeants.
(photos issues de Flickr)